Dziga Vertov

Denis Arkadiévitch Kaufman

Nationalité : soviétique

Naissance : 2 janvier 1896, Białystok

Décés : 12 février 1954, Moscou

Profession : réalisateur, théoricien

Filmographie (sélective)

Ciné-oeil (1924)

La sixième partie du monde (1926)

En avant, Soviet ! (1926)

La onzième année (1928)

L'homme à la caméra (1929)

Enthousiasme (ou la symphonie du Doubass) (1931)

Trois chants sur Lénine (1934)

Dziga Vertov, articles, journaux, projets

10x18, 1996

« Le scénario est l’invention d’une seule personne ou d’un groupe de personnes. C’est une histoire que ces personnes veulent faire vivre à d’autres. Nous ne trouvons pas ce désir criminel, mais que l’on hisse cette sorte de travail au rang de tâche essentielle du cinéma, que l’on supplante les vrais films par ces ciné histoires, qu’on étouffe toutes les possibilités merveilleuses de la caméra au nom du culte à rendre au dieu du drame artistique c’est ce que nous ne pouvons comprendre et que bien entendu, nous n’acceptons pas. »

1928

« Que faire de ma caméra ? Quel est son rôle dans l’offensive que je lance contre le monde visible ? »

1924

« Je suis le ciné-œil, je suis l’œil mécanique, je suis la machine qui vous montre le monde comme elle seule peut le voir.

Désormais et à jamais je suis libéré de l’immobilité humaine, je suis en perpétuel mouvement, je m’approche des choses, je m’en éloigne, je me glisse sous elles, j’entre en elles ; je me déplace au rythme du mufle, du cheval de course, je plonge à toute vitesse dans les foules, je précède les soldats à l’assaut, je décolle avec les aéroplanes, je me renverse sur le dos, je tombe et me relève en même temps que les corps qui tombent et se relèvent. Et moi, une caméra, me lance selon la résultante, manœuvrant dans le chaos du mouvement, enregistrant le mouvement, à commencer par des mouvements composés des plus complexes combinaisons.

Libérée de la sujétion aux 16-17 images par seconde, des frontières du temps et de l’espace, je confronte entre eux tous les points de l’univers. Ma voie est celle d’une nouvelle conception du monde. Je vous fais découvrir le monde que vous ne connaissez pas. »

1923

L'homme à la caméra, 1929

« Nous ne pouvons rendre nos yeux meilleurs qu’ils n’ont été faits, mais la caméra, elle, peut être indéfiniment perfectionnée. »

1923

L'homme à la caméra, 1929

« Nos yeux voient très peu et très mal. Alors les hommes ont inventé le microscope pour voir les phénomènes invisibles ; ils ont inventé le télescope. Les hommes ont mis au point la caméra pour pénétrer plus profondément dans le monde visible, pour explorer et enregistrer les phénomènes visuels afin que ce qui se produit maintenant, dont il devra pris en compte  dans le futur, ne soit pas oublié. »

1926

« Nous espérons […] ouvrir les yeux des masses […] sur le lien qui unit les phénomènes sociaux et visuels mis en lumière par les caméras. »

1923

« 1. Le flm de fiction est l’opium du peuple.

2. Assez des immortels rois et reines de l’écran ! Vivent les mortels ordinaires, filmés dans la vie et ses tâches quotidiennes !

3. Assez de scénarios de contes de fées bourgeois ! Longue vie à al vie telle qu’elle est !

4. Le flm de fiction et la religion sont des armes mortelles dans les mains des capitalistes. En montrant notre mode de vie révolutionnaire, nous arracherons cette arme des mains de ’ennemi.

5. Le flm de fiction artistique contemporain est un vestige de l’ancien monde. C’est une tentative de verser notre réalité révolutionnaire dans des moules bourgeois.

6. Assez de la mise en scène de la vie quotidienne ! Filmons-nous tels que nous sommes.

7. Le scénario est un conte de fées inventé pour nous par un écrivain. Nous vivons nos propres vies, et nous ne soumettons aux fictions de personne.

8. Chacun de nous accomplit sa tâche dans la vie et n’empêche personne de travailler. La tâche du travailleur du flm est de nous filmer de manière à ne pas interférer avec notre travail.

9. Vive le ciné-œil de la révolution prolétarienne. »

1926

« Enivrer et suggérer, la méthode essentielle de l’action du [flm de fiction] le rapproche de l’influence religieuse et permet un certain temps de maintenir un homme dans un état d’inconscience surexcitée […] Les représentations musicales, théâtrales, ciné-théâtrales, etc. agissent avant tout sur le subconscient du spectateur ou de l’auditeur, en contournant par tous les moyens son conscient qui proteste.

Nous nous élevons contre la collusion du "metteur en scène-enchanteur" avec le public soumis à l’enchantement.

Seule la conscience peut lutter contre les suggestions magiques de tout ordre.

Seule la conscience peut former un homme ayant des opinions fermes, des convictions solides.

Nous avons besoin d’hommes conscients, non d’une masse inconsciente, prête à céder à la première suggestion venue.

Vive la conscience de classe des hommes sains qui savent voire et entendre !

À bas le voile parfumé fait de baisers, de meurtre, colombes et tout de passe-passe !

Vive la vision de classe !

Vive le cinéma-œil ! »

1924