Étienne-Jules Marey

Nationalité : française

Naissance : 5 mars 1830, Beaune, France

Décès : 15 mai 1904, Paris, France

Profession : médecin, physiologiste, inventeur

Quelques repères

1830 : naissance à Beaune, le 5 mars

1879 : lecture d'un article publié dans La Nature sur les photographies de chevaux de Muybridge

1881 : il rencontre Muybridge à Paris

1882 : invention du fusil photographique et du chronophotographe à plaque fixe

1888 : premiers essais de chronophotographie sur bande de papier sensible

1890 : premier brevet pour un chronophotographe à pellicule mobile

1893 : mise au point du projecteur chronophotographique

1899 : fusil photographique à pellicule 35 mm

1904 : décès à Paris, le 15 mai

« Le Fusil photographique »

Article d'Étienne-Jules Marey paru dans La Nature, n°464, 22 avril 1882

E.J. Marey faisant vibrer une longue tige de bois

1887

Marche et saut

1882

Mouvement de gymnastique aux barres parallèles

1883-1886

Attitudes gymnastiques sur plaque sensible en translation

1883

Chien au pas

Chronophotographie sur pellicule mobile

1895-1897

Chèvre au pas

Chronophotographie sur pellicule mobile

1895-1897

Nu descendant un escalier n° 2

Marcel Duchamp, 1912

Huile sur toile, 146 x 89 cm, Philadelphia, Museum of Art

« Cette version définitive du Nu descendant un escalier, peinte en janvier 1912, fut la convergence dans mon esprit de divers intérêts, dont le cinéma, encore en enfance, et la séparation des positions statiques dans les chronophotographies de Marey en France, d'Eakins et Muybridge en Amérique. Peint, comme il l'est, en sévères couleurs bois, le nu anatomique n'existe pas, ou du moins, ne peut pas être vu, car je renonçai complètement à l'apparence naturaliste d'un nu, ne conservant que ces quelques vingt différentes positions statiques dans l'acte successif de la descente. Avant d'être présenté à l'Armory Show de New York en 1913, je l'avais envoyé aux Indépendants de Paris en février 1912, mais mes amis artistes ne l'aimèrent pas et me demandèrent au moins d'en changer le titre. Au lieu de modifier quoi que ce fût, je le retirai et l'exposai en octobre de la même année au Salon de la Section d'or, cette fois sans opposition. [...] Je me sentais plus cubiste que futuriste dans cette abstraction d'un nu descendant un escalier: l'aspect général et le chromatisme brunâtre du tableau sont nettement cubistes, même si le traitement du mouvement a quelques connotations futuristes. »

Marcel Duchamp, « À propos de moi-même », dans Duchamp du signe, Paris, Flammarion, 1994

« [...] Aussi bien le cinéma , ne doit-il presque rien à l'esprit scientifique. Ses pères ne sont point des savants (Marey excepté, mais il est significatif que Marey ne s'intéressait qu'à l'analyse du mouvement, nullement au processus inverse qui permettait de le recomposer). Même Edison n'est au fond qu'un bricoleur de génie, un géant du concours Lépine. Niepce, Muybridge, Leroy, Joly, Demeny, Louis Lumière lui-même sont des monomanes, des hurluberlus, des bricoleurs ou, au mieux, des industriels ingénieux. Quant au merveilleux, au sublime E. Reynaud, qui ne voit que ses dessins animés sont le résultat de la poursuite tenace d'une idée fixe? On rendrait bien mal compte de la découverte du cinéma en partant des découvertes techniques qui l'ont permise. Au contraire une réalisation approximative et compliquée de l'idée précède presque toujours la découverte industrielle qui peut seule en ouvrir l'application pratique. Ainsi, s'il nous paraît évident aujourd'hui que le cinéma, sous sa forme même la plus élémentaire, avait besoin d'utiliser un support transparent, souple et résistant et une émulsion sensible sèche, capable de prendre une image instantanée (le reste n'étant qu'aménagements mécaniques bien moins compliqués qu'une horloge du XVIIIe siècle), on s'aperçoit que toutes les étapes décisives de l'invention du cinéma ont été franchies avant que ces conditions ne soient remplies. Muybridge, grâce à la fantaisie dispendieuse d'un amateur de chevaux, parvient en 1877 et 1880 à réaliser un immense complexe qui lui permettra d'impressionner, avec l'image d'un cheval au galop, la première série cinématographique. Or, il a dû se contenter pour ce résultat du collodion humide sur plaque de verre (c'est-à-dire d'une seule des trois conditions essentielles : instantanéité, émulsion sèche, support souple). Après la découverte en 1880 du gélatino-bromure d'argent, mais avant l'apparition des premières bandes de celluloïd dans le commerce, Marey construit avec son fusil photographique une véritable caméra à plaques de verre. Enfin, même après l'existence commerciale du film en celluloïd, Lumière lui-même tentera d'abord d'employer du film de papier. [...] »

« Le mythe du cinéma total », André Bazin, Critique, 1946.