La pluie

Singin' in the Rain

Stanley Donen et Gene Kelly, 1952

Renoir : Vous m'excuserez de faire un coq à l'âne et de resauter à La chienne, j'ai revu tout à l'heure avec vous une chose qui m'a ravi. J'ai une manie, lorsque je tourne des films, c'est d'essayer de faire penser aux spectateurs que les personnages principaux que je montre à l'écran ne sont pas tout seuls dans la vie, qu'il y a d'autres personnes qui vivent aussi, qui aiment, qui souffrent, qui se soûlent la figure et qui ont des joies et des peines. J'ai horreur de l'idée de l'isolement des personnages principaux et lorsque j'ai fait la rencontre de Michel Simon et de l'adjudant Godard je ne savais pas... je ne pouvais rien mettre puisque c'était devant une boutique et je ne pouvais pas ne pas me mettre devant un décor restreint parce qu'il me fallait de la pluie et que mes moyens de faire de la pluie étaient limités. J'avais juste deux ou trois lances d'arrosage et c'est tout.  Par conséquent il fallait garder un champ assez réduit, avoir un mur et pas de profondeur. Alors j'ai eu l'idée dont je suis tellement heureux parce que, quand je revois le film, personne ne le voit sauf moi, c'est le rideau qui se soulève. Je me suis dit : va faire bouger ça, ça va me donner le fond, on va peut-être imaginer un boutiquier de l'autre côté qui vit, qui a des histoires lui aussi...

[...]

Labarthe : Mais pourquoi la pluie, finalement, puisqu'il ne pleuvait pas ?

Renoir : Ah ! Alors là je n'ai aucune raison. Il m'a semblé qu'une rencontre comme ça ne pouvait avoir lieu que sous la pluie.

A propos de La chienne

Jean Renoir Le patron, 1. La recherche du relatif, 1966, « Cinéastes de notre temps ».

Psycho

Alfred Hitchcock, 1960

Unforgiven

Clint Eastwood, 1992